Editorial

Le critère « passif » est lié au référentiel énergétique allemand Passivhaus établi par le Dr. Wolfang Feist en 1986. Correspondant à un niveau de consommation énergétique très bas, il est étroitement lié à l’isolation et il impose une parfaite gestion de l’étanchéité à l’air et des ponts thermiques.

Ce référentiel est ainsi particulièrement intéressant aujourd’hui au regard du coût financier de l’énergie consommée par les constructions, aussi bien pour le chauffage que pour le refroidissement. Et à long terme, il semble être un moyen pertinent pour se positionner face à la raréfaction des énergies fossiles actuellement utilisées.

Dépassant son statut de « norme », le Passivhaus est considéré en France comme un objectif de performance thermique qui, du point de vue de l’architecture et de la construction, relève d’un défi technique. Il en est véritablement un : c’est un sujet complexe qui ne peut être abordé qu’avec une grande rigueur. Aucun paramètre constructif ni environnemental ne doit être négligé dans la phase de conception. Le moindre détail relatif au raisonnement suivi, comme la prise en compte de l’ombre portée d’un bâtiment voisin, ou au choix des matériaux et matériels comme le système de ventilation, peut avoir une incidence thermique. Et cette rigueur de conception ne doit en aucun cas être dissociée de la construction. Dans ce sens, les techniques de fabrication doivent être étudiées en parallèle et doivent être parfaitement maîtrisées, les détails devant être pris en compte au millimètre. Dans le cas d’une construction à ossature bois, la préfabrication en atelier est un moyen qui s’impose de lui-même.

Au-delà des aspects théoriques d’inertie, d’étanchéité à l’air, des valeurs normatives à respecter et des économies d’énergie qui en découlent, le Passivhaus doit avant tout être considéré comme un idéal de confort de vie. Un bâtiment Passivhaus est trop souvent pensé uniquement comme un bâtiment ultra technique où la consommation de chauffage est extrêmement réduite. Au contraire, il doit exister d’abord pour ses occupants et doit être un lieu où il fait bon vivre, à leur image. Dans certains cas, les performances du bâtiment s’approchent des valeurs préconisées par le Passivhaus Institut mais n’y répondent que partiellement pour des raisons budgétaires et environnementales. L’expérience montre toutefois que le confort de vie reste exceptionnel pour quelques euros de chauffage en plus… Le bon sens découle de la sagesse…

Le Passivhaus, plus qu’un moyen pour se positionner par rapport à la question énergétique, est aussi une manière de se positionner sur l’acte même de construire. La qualité requise tant des matériaux que du savoir-faire permet de ressaisir la vision durable de l’architecture et des bâtiments qui ont traversé les années. A l’heure actuelle, c’est un moyen de reconsidérer une construction non comme un bien de consommation à reconsolider voir reconstruire d’ici 15 ans, mais comme un bien pérenne, y compris sur le plan du confort de vie.

Thibaut Bortier